Pashupatinath est une petite ville située à la périphérie de Katmandou. Sa petite taille n’en fait pas une moins une ville de grande importance pour de nombreux népalais : c’est en effet la ville la plus sacrée du pays pour les hindous. Pashupatinath est traversée par la sainte rivière Bagmati dans laquelle de nombreux fidèles viennent s’immerger : un bain dans ses eaux laverait des péchés de toute une vie et permettrait d’être libéré du cercle de renaissances.

 

La première chose qui m’a frappée en arrivant, c’est l’odeur de brûlé qui règne dans la ville et la fumée qui vous pique les yeux et la gorge. Du fait de sa sainteté, Pashupatinath est un grand lieu de crémation, ce qui explique l’odeur en arrivant. Des hindous de tout le pays viennent se faire incinérer ici et les crémations sont donc très nombreuses. Ce fut une expérience très émouvante, bien qu’à la fois un peu dérangeante. De nombreuses personnes, népalaises et étrangères, assistent à cet événement funéraire de loin, en observant la cérémonie et je me suis sentie partagée entre un sentiment de curiosité d’en apprendre plus sur la culture hindoue et sur ses rituels, un sentiment presque d’émerveillement de voir un rituel funéraire si différent de ce que j’ai connu jusqu’à présent et en même temps un sentiment de gêne, d’imposture. Mais si la présence de visiteurs était vue comme une imposture, ce lieu ne serait pas ouvert au tourisme et les cérémonies, si elles n’étaient pas faites pour rassembler, ne se feraient pas à l’extérieur mais à l’abri des regards dans un temple. J’ai donc essayé d’oublier ma gêne pour m’imprégner de l’ambiance si particulière de ce lieu mêlée de spiritualité et, de façon contradictoire, de mort et de joie. Une fois passé le moment établit des pleurs, l’ambiance n’est plus pesante, les gens discutent entre eux en observant la cérémonie et les gamins rigolent en se baignant dans la rivière.

 

On retrouve cette ambiguïté dans toute la ville : Pashupatinath est un lieu où cohabite mort et vie, événements marquants avec banalités. En effet, au milieu de cette ville si sacrée se trouvent des vendeurs ambulants de boissons, chips, bonbons, souvenirs… Cette ambiguïté n’est pas étonnante lorsqu’on connait le lien qu’entretiennent les hindous avec la vie et la mort. Pour eux, la mort n’est pas vue comme un événement fatal et triste mais comme une partie de la vie et même, lorsqu’ils parviennent à la fin de leur cycle de réincarnation, une délivrance.

 

Au-delà de ses crémations, Pashupatinath a d’autres attraits, notamment le temple principal avec son toit doré en forme de pagode. Ce magnifique monument est interdit aux non-hindous mais on peut quand même l’observer de l’extérieur et c’est déjà un beau spectacle.

Un petit conseil : pour observer les crémations, traversez le pont et allez observer de la rive d’en face, un peu en hauteur. Non seulement vous ne serez pas gênés par une tête trop grande mais en plus, vous pourrez observer la vie animée qui prend place devant le temple de Pashupatinath, à quelques mètres seulement des crémations avec notamment des chants, de la musique et des danses.